# Genèse~
Kyrie Eleison ♪Rome, un 25 décembre ...Un signe. Une bénédiction du ciel. Tout le monde le pensait.
Cet enfant serait protégé du Mal toute sa vie entière. Ma mère mélangeait religion et superstition, par moment, sans réellement se rendre compte qu'elle blasphémait. Elle était persuadée que j'étais un élu du Père. Elle se prenait pour la vierge Marie...sauf que son Saint Esprit s'appelait Maximilian Sinclair, l'Anglais qu'elle avait rencontré dans ce bar à touristes près du Colisée. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Point. Sauf que pour eux, ça ne se passa pas exactement comme prévu. Ils se marièrent un peu sur un coup de tête, puis il repartit dans son beau pays de la pluie pour "affaires", lui promettant qu'il lui enverrait ce qu'il nommait le "nécessaire" pour la faire venir chez lui.
Cela faisait neuf mois.
Cela fit douze années.
Quarante-huit saisons.
...Puis dix-huit ans d'errance, d'attente inutile.
Elle perdit et patience et espoir.
Maman poursuivit alors sa petite vie tranquille, trouvant de l'aide chez sa mère qui prit en charge mon éducation pendant ses absences et ses heures supplémentaires de boulot pour me nourrir et me promettre un avenir radieux. J'eus une enfance peuplée de vagues espoirs et de rêves désillusionnés à peine mentionnés du bout des lèvres. Je trouvai cependant du réconfort dans la Foi. Celle-ci m'animait à un point inimaginable. J'étais plein de Sa présence. J'eus très tôt la conviction qu'Il existait et qu'Il était en moi. Dieu combla l'absence d'un véritable père. Il était mon papa de substitution. Il était de surcroît parfait. Je ne me comparais pas à Jésus, mais c'était du pareil au même. Je ne connaissais pas mon géniteur, ou seulement par bribes hallucinées, et il ignorait totalement mon existence. Je m'étais enfin trouvé un modèle.
~
Dies Irae ♪ Dix-huit ans.
L'âge qu'il m'avait fallu atteindre afin d'aspirer à la Vérité, même si cette dernière serait certainement crue, amère, écœurante à admettre. Mais il me fallait absolument savoir mes origines, je ne pouvais pas continuer ainsi. Une quête d'identité commença. Je me rendis à Londres, baragouinant l'anglais comme un gamin. Je fis d'intensives recherches. Par ma mère, j'appris qu'il était avocat. Cela réduisait considérablement les possibilités. J'avais une chance de le retrouver et je la saisis. Son cabinet était assez connu et il fut aisé de dénicher l'adresse exacte. Là-bas, je trouvai un homme charismatique, froid et terriblement désabusé par la vie. Il était fade, dénué de couleurs vives comme j'avais pu les fantasmer durant toute mon enfance, il n'avait pas du tout la Foi...il était...
mon père.
Ce fossé entre nous me perturba longtemps. Évidemment, il ne me "re-connut" pas, puisqu'il n'avait jamais su que j'étais né. Je ne lui reprochai rien, j'avais eu largement le temps de lui pardonner sa faute. Je lui révélai mon identité et, ô miracle, il m'accepta comme un fils, quelques cellules de lui-même tout au plus qu'il examina d'un œil attentif, se demandant ce qu'il pourrait bien en faire. Un fils...il n'avait jamais songé à en avoir un, même avec la femme qui lui avait passé la bague au doigt il y a de cela quelques années en arrière, dans une contrée lointaine pleine d'exotisme...Tout le monde en a conscience, c''était toujours utile d'avoir un descendant, un héritier qui pourrait reprendre les affaires...oui...quelle aubaine finalement. Il ne regrettait pas d'avoir engrossé ma mère, le salaud. Il ne m'aimait pas. J'étais un objet, un machin utile, rien de plus.
Lui et son pragmatisme à deux balles.
Lui et son matérialisme malsain...
Je lui avouai mes projets : entrer dans les ordres, quitter la bonne vieille civilisation et me dévouer entièrement à Dieu. Il me prit pour un fou. Une réaction que j'avais pu anticiper. Cela dit, ce pauvre homme qui ne m'avait pas une seule fois serré dans ses bras et qui avait brisé le cœur de ma mère, n'avait strictement aucune emprise sur moi. Je bafouai son autorité sans le moindre scrupule. J'étais libre et il n'y avait que moi pour décider du chemin que je voulais suivre. Il tenta vainement de me raisonner, de me rappeler à sa propre logique -qui n'était pas la mienne- il voulut même m'en empêcher. Cependant, j'étais entêté et je le quittai un mois plus tard. Je désirais de toute mon âme me consacrer à Notre Seigneur.
(en construction)
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